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Par fathianasr le 18 Août 2010 à 18:33
LES NÉRÉIDES
Sur l'écume blanche qui frange
Le manteau glauque de la mer
Se groupent en bouquet étrange
Trois nymphes, fleurs du gouffre amer.
Comme des lis noyés, la houle
Fait dans sa volute d'argent
Danser leurs beaux corps qu'elle roule,
Les élevant, les submergeant.
Sur leurs têtes blondes, coiffées
De pétoncles et de roseaux,
Elles mêlent, coquettes fées,
L'écrin et la flore des eaux.
Vidant sa nacre, l'huître à perle
Constelle de son blanc trésor
Leur gorge, où le flot qui déferle
Suspend d'autres perles encor.
Et, jusqu'aux hanches soulevées
Par le bras des Tritons nerveux,
Elles luisent, d'azur lavées,
Sous l'or vert de leurs longs cheveux.
Plus bas, leur blancheur sous l'eau bleue
Se glace, d'un visqueux frisson,
Et le torse finit en queue,
Moitié femme, moitié poisson.
Mais qui regarde la nageoire
Et les reins aux squameux replis,
En voyant les bustes d'ivoire
Par le baiser des mers polis ?
A l'horizon, - piquant mélange
De fable et de réalité,-
Paraît un vaisseau qui dérange
Le chœur marin épouvanté.
Son pavillon est tricolore ;
Son tuyau vomit la vapeur ;
Ses aubes fouettent l'eau sonore,
Et les nymphes plongent de peur.
Sans crainte elles suivaient par troupes
Les trirèmes de l'Archipel,
Et les dauphins, arquant leurs croupes,
D'Arion attendaient l'appel.
Mais le steam-boat avec ses roues,
Comme Vulcain battant Vénus,
Souffletterait leurs belles joues
Et meurtrirait leurs membres nus.
Adieu, fraîche mythologie !
Le paquebot passe et, de loin,
Croit voir sur la vague élargie
Une culbute de marsouin.
Théophile Gautier
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Par fathianasr le 18 Août 2010 à 12:34
Portrait de Sebastián de Morra Vers 1645-Musée du Prado, Madrid
Ce portrait du nain de cour Don Sebastián de Morra a été peint par Velaquez dans l'année 1645. C'est une huile sur toile (106, 5 par 81,5 cm).
Il y a chez l'artiste une volonté de magnifier ce nain dont la difformité physique en faisait un objet de curiosité dans les cours européennes d'alors. Le nain assis à même le sol, comme l'enfant dont il a la taille, regarde le spectateur d'un regard lourd de reproche ou de défi. Toi qui me regarde, seras-tu capable de voir en moi l'homme et non l'être difforme ? Telle semble être la question muette que nous pose encore Don Sebastián de Morra.
Toi, à cheval !
- Eh ! pourquoi pas ? j'ai si
souvent galopé sur un lévrier
du laird de Linlithgow !
Ballade écossaise.
LE NAIN
J'avais capturé de mon séant, dans l'ombre de mes courtines, ce furtif papillon, éclos d'un rais de la lune ou d'une goutte de rosée.
Phalène palpitante qui, pour dégager ses ailes captives entre mes doigts, me payait une rançon de parfums !
Soudain la vagabonde bestiole s'envolait, abandonnant dans mon giron, - ô horreur ! - une larve monstrueuse et difforme à face humaine !
« Où est ton âme ? que je chevauche ? - Mon âme, haquenée boiteuse des fatigues du jour, repose maintenant sur la litière dorée des songes.»
Et elle s'échappait d'effroi, mon âme, à travers la livide toile d'araignée du crépuscule, par-dessus de noirs horizons dentelés de noirs clochers gothiques.
Mais le nain, pendu à sa fuite hennissante, se roulait comme un fuseau dans les quenouillées de sa blanche crinière.
Aloysius Bertrand
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